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karl marx - Page 5

  • Caritas in veritate

    Tâchons de ne pas perdre trop de temps avec la vaine encyclique de Joseph Ratzinger. Soulignons seulement que :

    - Le Nouveau Testament ne permet de fonder aucun "socialisme" ni "constitution sociale" d'aucune sorte. Jésus n'est pas Jaurès. Au demeurant l'histoire permet de constater les échecs répétés des réformes sociales. Contre les journalistes inféodés aux pouvoirs publics, certains historiens ont même démontré que la plus sérieuse concrétisation d'une politique sociale étatique fut celle accomplie par le régime nazi entre 1935 et 1940 ; afin d'équilibrer le propos, on peut citer aussi les efforts dans le même sens de la RDA après la guerre. Ceux qui objectent que les politiques sociales nazies ou soviétiques n'ont pu se passer de contreparties sanglantes "oublient" que les miettes distribuées aujourd'hui aux pauvres par les capitalistes dans les social-démocraties occidentales trouvent aussi leur contrepoids dans des guerres impérialistes, économiques ou conventionnelles, qui font des millions de morts.

    - Le socialisme, chrétien ou pas, n'est en réalité que la métastase de la "théocratie chrétienne" telle que Joseph de Maistre la définit par exemple, faisant fi de l'histoire comme des Evangiles qui proscrivent absolument l'édification d'un Royaume de Dieu sur la terre. Les pharisiens sont peut-être adeptes du droit canonique et nostalgiques du temps où la Palestine n'était pas soumises à Rome. Le Messie ne fait, lui, que dire et redire son mépris des institutions religieuses, politiques ou morales juives, du début à la fin de sa vie publique. Même Gustave Flaubert, qui n'est pourtant pas docteur de l'Eglise, est capable de remarquer le caractère profondément antisocial du christianisme, que seul un sentiment de peur conduit à "accommoder" en "judéo-christianisme".

    La théocratie chrétienne de Joseph de Maistre, étonnant horloger suisse dont le pendule s'est arrêté au XVIIe siècle, exactement comme le socialisme exige de mettre les faits historiques entre parenthèses. Comme Joseph de Maistre "fantasme" la Révolution française de 1789 sur le mode "C'est la faute à Voltaire !", les leaders socialistes actuels sont obligés de fantasmer l'histoire de la deuxième guerre mondiale sur le mode "C'est la faute à Hitler/Staline !", occultant autant que possible la raison capitalistique des guerres industrielles, quand ce n'est jusqu'à l'évidence que sans l'appui mécanique de l'industrie, ces guerres n'auraient jamais fait autant de victimes.

    - Dernier point qui réjouira les adversaires du marxisme. En aucun cas cette doctrine ne peut être dite "socialiste" ou "théocratique". On ne peut pas bâtir de pont entre l'encyclique de Benoît XVI et Karl Marx ; celui-ci sait parfaitement l'apport indispensable du Capital à l'Etat et vice-versa ; l'histoire de la constitution du grand capital tel que nous le connaissons progresse parallèlement à l'histoire de la centralisation du pouvoir étatique. Marx est en outre parfaitement lucide sur le fait que les "Droits de l'homme" républicains fondent une religion et une liturgie bourgeoises.

    Lorsque Luther produit une critique du mercantilisme, il s'efforce de la fonder sur les Ecritures saintes. Benoît XVI n'est fondé que sur une mauvaise philosophie allemande qui n'a jamais donné aucun fruit.

     

  • Fier d'être misogyne

    On peut comprendre l'inversion de notre époque par ce biais : l'attribution aux hommes de vertus féminines telles que le goût pour le sexe et la guerre. "Génération et corruption" : en un titre, l'élève d'Aristote peut tout saisir de la raison totalitaire que nous subissons, au point pour les plus tarés de leur faire désirer la mort.

    Bien sûr, il y a des femmes plus viriles que des hommes, même si l'exemple de Simone Weil est le seul qui me vienne à l'esprit, et des hommes plus femelles que des femmes. Le grammairien judéo-boche Frédéric Nitche témoigne qu'il est le produit de l'angoisse vaginale, en concluant que seules sa mère et sa soeur auraient pu lui faire renoncer à son idée d'"éternel retour". Toutes les aberrations scientifiques participent d'ailleurs pour partie du raisonnement "génétique".

    Quelle signification peut avoir un "principe féminin" distinct d'une femme en particulier ? "Notre sainte mère l'Eglise" est de ces principes féminins, qu'il serait un peu long à disséquer. Elle est la première grande "personnalité morale" de l'ère moderne. Et lorsque des hommes politiques, Le Pen ou Kouchner, dépeignent les Etats comme des "monstres froids", il convient de rajouter que ces monstres froids auxquels sont dévoués les hommes politiques sont des femelles. Le capitalisme est un autre système féminin dominé entièrement par les cycles et la génétique, la recherche du temps perdu.

    C'est en appliquant la même logique aristotélicienne que Karl Marx a anéanti simultanément l'Eglise, l'Etat (national-socialiste) et le capitalisme afin de sauver de leurs griffes la Vérité, devant laquelle les femmes tournent le plus souvent les talons lorsqu'elles l'aperçoivent. Le prince des poètes, Baudelaire, pas très loin de l'homosexualité comme Nitche, conçoit même l'art comme une protection contre la vérité - étant donné qu'il fait aussi l'éloge du maquillage des femmes, on pourrait dire : comme un "masque de beauté". Le grand mérite de Baudelaire étant, contrairement au clergé actuel, de ne pas cacher qui lui inspire ses vers.

     

  • Marx pour les Nuls

    Karl Marx donne exactement la même définition de l'idéologie que celle fournie par Aristote dans ses petits "Traités d'histoire naturelle" ; il s'agit pour le Stagirite à propos de la perception sensorielle des bruits et des odeurs de réfuter l'opinion selon laquelle, comme chacun perçoit l'odeur ou le bruit différemment, le bruit ou l'odeur en question n'est pas unique.

    C'est ce qui fait la force de Karl Marx : il est fondé comme Aristote sur une science physique précise.

    D'une certaine façon, à une moindre échelle l'antagonisme entre Hegel et Marx ressuscite la querelle entre Thomas d'Aquin et les artistes parisiens (Siger de Brabant) ou les Averroïstes.

    Ce qui fait l'isolement de Marx au XIXe siècle c'est qu'il est le seul à défendre une philosophie naturelle vraiment aristotélicienne (sachant qu'Averroès lui-même n'est guère "oriental" malgré les apparences).


  • Saint Marx

    C'est précisément parce qu'il est "sans foi ni loi" que Karl Marx est le plus grand théologien chrétien depuis Shakespeare. La question de la loi est une question juive et la question de la foi se pose quand la loi est appliquée hypocritement. Même pour Léon Bloy ou Claudel, qui louchent pourtant un peu vers le moyen âge (obsession matrimoniale de Claudel), la question de la foi n'est pas moderne.

    En quelque sorte il n'y a pas de pensée historique sérieuse qui se préoccupe des questions de foi. La question de la foi est une question d'autruche.

  • Saint Marx

    Le péché que le raisonnement politique ou social exonère, c'est le péché d'envie ou de jalousie, c'est-à-dire le péché de Satan. On le voit à travers l'exemple de la circonstance atténuante du crime dit "passionnel" en droit laïc, non seulement absurde mais scandaleuse sur le plan chrétien. A travers le droit ubuesque dit de la "propriété intellectuelle" également.

    L'envie de Marthe, soeur de Lazare, lui vaut une remontrance de la part de Jésus. Marthe incarne une conception archaïque de la religion ; elle préfigure aussi ce monstre spirituel qu'est le judéo-christianisme.

    C'est parce qu'il est "antisocial" que le communisme de Marx est saint ; et la notion de "doctrine sociale" inventée par les chrétiens libéraux est, elle, en revanche, diabolique, au-delà même de l'entourloupe patronnale qu'elle représente.


  • Exit saint Paul

    Maigre bilan de l'année saint Paul. Présenté quasiment comme un marchand de tapis sarkozyste dans la gazette "néo-cons" "Famille chrétienne" (Père de la Menthière). Interview d'une universitaire dans la même revue, Marie-Françoise Baslez, occasion pour moi de corriger des erreurs historiques :

    - Peut-on dire que la pensée des droits de l'homme a une dette envers le christianisme ?

    - Certainement (...)

    On comprend qu'il s'agit ici de cautionner la religion de l'Etat laïc à peu de frais. Si les Droits de l'Homme ont pu contenir un idéal révolutionnaire d'inspiration testamentaire, la critique historique de Marx selon laquelle les droits de l'homme s'arrêtent aux droits de l'homme égoïste dans la République laïque, cette critique est plus que jamais validée par les faits. Dérivé des droits de l'homme, le droit international est même devenu une arme au service de grandes puissances terroristes comme les Etats-Unis. Marx dénonce en outre l'iniquité de l'égalitarisme républicain, étranger de fait à la charité chrétienne prônée dans le Sermon sur la Montagne, qui abolit tout cadre légal, même si ce n'est pas dans l'intérêt des défenseurs du droit canonique romain de l'admettre.

    Les Droits de l'Homme sont une sorte de mutation du décalogue sans rapport direct avec saint Paul. Ils trahissent la dette de l'idéal révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle vis-à-vis de la religion d'Etat judéo-chrétienne du XVIIe siècle qui a contribué à renforcer un légalisme chrétien peu évangélique.

    - Est-ce qu'on peut dire que saint Paul est un communiquant au sens moderne ?

    - Sûrement (...)

    De plus en plus grossière la propagande qui cherche ensuite à faire de saint Paul un précurseur de Jacques Séguéla. Les néo-cons n'ont aucun scrupule ! Bien évidemment saint Paul ne disposait pas des moyens de communication actuels, qui sont tout sauf modernes puisqu'ils procèdent la plupart du temps du bourrage de crâne et du mensonge ; télévision et cinéma ont même été mis au service de la barbarie totalitaire et de sa violence décuplée, engageant jusqu'aux populations civiles, à tel point qu'on peut penser que l'image luciférienne animée à laquelle il est fait référence dans l'Apocalypse (ap. XIII "[...] Et il lui fut donné d'animer l'image de la bête [...]) c'est l'image cinématographique (qui présente en outre la particularité de n'être pas une "image" au sens d'"icône" ou de dessin, mais une simple réflexion.)

    On peut même trouver scandaleuse l'absence de condamnation morale de la part du clergé chrétien de pratiques journalistiques ou "marketing" qui s'apparentent à la prostitution de l'esprit et au cynisme le plus dégradant. Plus sérieux que cette Marie-Françoise Baslez et la revue "Famille Chrétienne", il y a Balzac : "La liberté de la presse nous perdra". De fait la contribution des journalistes à la chienlit chrétienne n'est pas mince.

  • Censure chrétienne

    Depuis quelques années que je surfe sur le ouaibe, je constate que je suis censuré presque systématiquement, et souvent dès le premier commentaire sur les blogues de publicistes démocrates-chrétiens, voire de clercs.

    Je cite toujours l'exemple de Patrice de Plunkett parce que c'est le plus grossier fourgueur de camelote démocrate-chrétienne auprès d'un public de dévotes paroissiennes que je connaisse ; mais Plunkett n'est pas le seul exemple. J'estime que cette censure est significative ; elle l'est à double titre :

    - d'abord parce qu'elle dit toute l'hypocrisie du "dialogue oecuménique" et de la tolérance dont les démocrates-chrétiens se targuent généralement pour n'être pas en reste par rapport au dogme laïc qui invite à confronter des idées certifiées conformes à d'autres idées du même tonneau, et à se féliciter ensuite qu'une telle liberté d'expression soit permise ;

    - secundo, et c'est le plus important, cette censure vient du fait que la démocratie-chrétienne, précisément d'où émane la revendication absurde des "racines chrétiennes" de l'Europe, n'a aucun fondement historique ; intuitivement, les démocrates-chrétiens savent que leurs fables ne résistent pas à la critique historique, et que leur chapitre est posé sur le sable. Autrement dit, il n'est pas difficile de démontrer que le christianisme romain n'est plus qu'une filiale, une chapelle latérale de la grande nef laïque.

    D'une part la religion laïque ne veut pas -ou peu- entendre parler de ses origines chrétiennes, alors même que le slogan du "judéo-christianisme" est incompréhensible en dehors du phénomène laïc, puisque c'est la longe qui permet d'arrimer la barque chrétienne au navire laïc. Dès le XVIIIe siècle Voltaire fustige déjà ce judéo-christianisme ! Et c'est pourquoi Voltaire est l'ennemi de tous les "judéo-chrétiens".

    D'autre part la religion chrétienne libérale tente de faire croire, bien que ça soit plus difficile, à son autonomie ; alors même qu'on peut constater que sur un sujet par principe déclaré étranger à la religion chrétienne, à savoir la recherche scientifique en général, et le darwinisme en particulier, élément-clef de la religion laïque, le pape est obligé de fournir des gages de soumission.

    Ainsi sur le plan historique, les quelques chrétiens qui continuent de pratiquer sont littéralement médusés par le clergé, et, il faut bien le dire, par le pape d'abord, le Boche comme le Pollack précédent, dont l'injonction lancée à la jeunesse : "N'ayez pas peur !" est parfaitement odieuse, donne un relief spécial à des siècles de lâchetés cléricales, de bénédiction des entreprises militaires les plus diaboliques.

    - J'entame ce jour la publication régulière de commentaires censurés sur des blogues démocrates-chrétiens.

    Commentaire censuré sur le blogue de l'abbé Letourneau, théologien membre de l'"Opus Dei".

    Cité par D. Letourneau, sous le titre : "Relativisme religieux"

    "Il existe des formes de religion dégénérées et malsaines, qui n'aident pas l'homme à se construire, mais l'aliènent : la critique marxiste de la religion n'est pas seulement dénuée de tout fondement." Card. Ratzinger, "Foi, vérité, tolérance", Paris, 2005, p. 218-19.

    Commentaire : "Le fondement de la critique marxiste de la religion est d'abord historique. Manifestement Joseph Ratzinger ignore à peu près tout de la critique marxiste. On ne peut pas réfuter le marxisme comme s'il s'agissait d'une équation mathématique, mais en proposant une synthèse historique contradictoire.

    Si Benoît XVI connaissait Marx un tant soit peu, il saurait que sa critique de la religion est d'abord dirigée contre une religion très "spéciale", à savoir la religion laïque "judéo-chrétienne" telle que G.W.F. Hegel en a tracé le contour idéologique, ou encore l'ex-camarade de promo de J. Ratzinger, Hans Küng.

    Marx a bien vu notamment comme les principes et valeurs laïques, leur supposée "neutralité", ouvre la voie à un fanatisme plus grand encore.

    Marx et Engels tiennent la religion laïque dominante qui les préoccupe pour une "mutation" du christianisme (proches en cela de G.K. Chesterton) ; la religion chrétienne ne survit plus aux yeux de Marx et Engels qu'à l'état de relique.

    L'Histoire confirme Marx et Engels puisque même dans le domaine restreint de la morale désormais, à une assemblée de fidèles très réduite, le clergé romain ne parvient plus à imposer sa morale qu'avec difficulté. Sans compter la picrocholine bataille sur le point de savoir s'il vaut mieux célébrer la messe dos ou "face au peuple".

    On peut pousser jusqu'à dire que le rôle politique essentiel du clergé romain consiste à parer les valeurs laïques nouvelles, fondamentalement basées sur la prostitution, des atours de la "modernité". Il y a probablement un aspect des choses qui fait trembler le clergé romain de peur, dans la critique historique en général et celle de Marx en particulier, un aspect qui explique pourquoi cette critique est pour l'Eglise romaine comme une boîte de Pandore : la critique révèle que l'Eglise n'est autre que la mère des nations, qu'on peut tenir pour "néo-païennes" ou "néo-chrétiennes" suivant le bord d'où on cause."

    - Supplément : "L'idée que le but d'un homme soit de "se construire" vient probablement d'un mauvais manuel de psychologie boche ; elle ne figure en aucun cas dans le Nouveau Testament."
  • Saint Marx

    Marx et Engels démontrent, notamment dans leur pamphlet intitulé "La Sainte Famille", que le totalitarisme dérive d'une idéologie de la famille. C'est-à-dire que la sacralisation de l'Etat, ses institutions, ses lois, reprend en les développant les formules de la sacralisation de l'organisation familiale (même si d'un point de vue marxiste, bien sûr, les idées ne sont que des coquilles vides qui ne permettent pas de comprendre la logique tortueuse de l'Histoire). La famille n'est donc pas seulement l'organisation première constitutive de la société civile, sur le plan humain et économique, la "religion de l'Etat" est aussi un ersatz de la religion de la famille.

    La doctrine de G.W.F. Hegel n'est pas moins médiévale ou romaine que celle de Kant en réalité, même si la "statique" de Hegel, prince des philosophes allemands, est dissimulée derrière un principe d'évolution quasiment algébrique ou fonctionnel. Montesquieu n'est d'ailleurs pas plus capable que Hegel, après avoir posé le principe abstrus de la "loi naturelle", d'expliquer clairement quel rapport les lois entretiennent avec la Nature. Le lien qui s'impose à l'esprit entre la loi et l'artifice n'est effacé par Montesquieu qu'à l'aide d'un décret.

    L'analogie entre "l'homme providentiel" du droit laïc, "national-socialiste", et Moïse a déjà été remarquée par tel ou tel historien (A. Hitler lui-même comme certaines de ses notes en témoignent, avait remarqué les connotations religieuses du droit allemand) ; mais les lois de Montesquieu sont elles aussi comme "tombées du Ciel", et l'ésotérisme juridique de Montesquieu précède celui du Souabe Hegel, malgré la différence de style (et le fait que, dans le domaine artistique au moins, Montesquieu émet des idées moins lucifériennes que celles de Hegel.)

     

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    On peut penser qu'en dehors de l'influence de Charles Fourier, ce sont les études grecques de Karl Marx qui l'ont amené à s'attaquer à une idéologie fondamentalement romaine de la famille. Trois idéologies se rencontrent ici : non seulement le droit romain, mais aussi la philosophie allemande par conséquent, sans oublier le droit patriarcal juif, pour donner naissance à la religion dite "judéo-chrétienne", devenue "laïque" sous l'effet d'un certain nombre de spéculations et de conflits d'intérêts. La mythomanie de l'"Europe latine" (cf. Rémi Brague) procède encore du même amalgame. Si la thèse de Rémi Brague n'a pas de consistance historique, en revanche elle en dit long sur notre temps, incapable de comprendre quoi que ce soit en dehors des principes qui le déterminent.

     

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    Pas besoin par ailleurs d'avoir fait des études de théologie très poussées pour savoir que la théorie chrétienne du sacerdoce du prêtre est elle aussi bâtie contre l'institution matrimoniale ; non pas par puritanisme comme les journalistes disent parfois, mais parce que la famille, institution éminemment patrimoniale, se heurte à la vocation spirituelle de l'homme et aux nécessités de l'évangélisation. Les théologiens du sacerdoce n'ont pas pu ne pas remarquer que Jésus exige des apôtres qu'ils quittent tout sur le champ, y compris leur famille le cas échéant.

    Le journaliste C. Terras (de "Golias") n'a pas tort de relever que le sacerdoce lui-même n'est pas exempt de raisons patrimoniales et qu'il a eu parfois pour effet d'empêcher l'éparpillement des biens du clergé ; mais cette remarque n'a pas de sens sans le corollaire que le mariage, lui, ne déborde pas (d'un point de vue chrétien) le cadre patrimonial (même si la généralisation du salariat a eu tendance à gommer, dans l'après-guerre 1939-45 surtout, cet aspect essentiellement patrimonial, dont seul le monde des affaires ou le monde rural conserve la compréhension).

    L'aberration est donc la suivante : non pas d'inciter l'Eglise à abroger le sacerdoce pour une forme d'action plus moderne, mais de l'inciter à abandonner le principe du sacerdoce pour permettre aux prêtres... de se marier, c'est-à-dire d'endosser les conventions et les rites d'une institution particulièrement archaïque et païenne.

    Cette invitation faite à l'Eglise de se moderniser dans le sens du paganisme (!) a d'ailleurs pour effet de montrer que l'idéologie du mariage n'a rien perdu de sa vivacité, bien au contraire, dans le régime laïc totalitaire. Le "mariage gay" est certainement d'un point de vue matérialiste la conception la plus spirituelle du mariage qu'on ait jamais inventé. Les démocrates-chrétiens puritains, disons "boutinistes", qui combattent le mariage homosexuel, éprouvent d'ailleurs beaucoup de difficultés à lutter contre une conception encore plus "fleur bleue" que la leur de la réalité sociale.

     

     

     

     

     

  • Marx et l'Eglise

    Encore un curé qui, dans son sermon, glisse une citation de Nitche ! Un truc imbitable comme quoi les églises seraient plus remplies si les chrétiens avaient l'air plus... joyeux !?

    C'est d'autant plus cocasse que la mode du "judéo-christianisme" voudrait que les chrétiens lisent désormais non plus seulement le Nouveau, mais aussi l'Ancien Testament, pas exactement très rigolo et même rempli de meurtres et d'assassinats. On voit que, dans les faits, les chrétiens ne lisent plus du tout la Bible mais préfèrent regarder des dévédés, comme tout le monde.

    Frédéric Nitche décrète la mort de Dieu. Karl Marx, quant à lui, juge plus objectif de décréter la mort de l'Eglise. On comprend aisément pourquoi Nitche rencontre plus de succès dans le clergé. Le côté pédérastique de Nitche doit certainement jouer aussi.



  • Croisade de vieillards

    La dernière croisade sera peut-être cette croisade diabolique de vieillards prêchée par l'universitaire décadent Rémi Brague. Plus jongleurs de concepts amphigouriques qu'historiens, Brague et les "braguistes" tentent d'étayer le mythe d'une Europe essentiellement "judéo-chrétienne" et d'abord "romaine". Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce Brague n'est pas avare de néologismes pour étayer sa thèse foireuse : "hygiène du propre", "romanité intrinsèque", "identité excentrique" : toute l'algèbre boche y passe !

    Ecroulons ce petit "krak" néogothique ridicule derrière lequel le clan papiste français croit pouvoir abriter toutes ses lâchetés accumulées, son ignorance, et même ses petits paris médiatiques perdants à chaque coup :

    - Comme la thèse aux pieds d'airain et peu ésotérique de Karl Marx et son acolyte F. Engels permet de le comprendre, la "différence" de l'Europe moderne sur les autres nations tient dans le triomphe de la science sur la philosophie, de l'art de la Renaissance sur les spéculations médiévales. La Grèce antique connut elle aussi son moyen âge, le dépassement des spéculations milésiennes puis le dépassement de la science éléate.

    L'incitation de Marx à voir dans Rome un "pastiche" d'Athènes est féconde sur le plan historique, contrairement à la propagande de Brague. Ce qu'on qualifie en art d'"académisme" ou de "copie servile" : voici Rome et les Romains. Une idée de la littérature française à travers les seuls membres de l'Académie française serait à peu près aussi étriquée que l'idée d'Europe essentiellement romaine défendue par Brague.

     

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    - D'où vient de la part de soi-disant "médiévistes" le désir de consacrer le moyen âge ou saint Thomas d'Aquin comme le "sommet de la pensée chrétienne" ? Du compromis et du partage avec les historiens athées républicains ; autrement, dit il n'y a pas de façon plus sotte d'écrire l'Histoire ; ni plus lâche, de la part des papistes, puisque ceux-ci ne font que ronger l'os que daignent leur lancer les tenants laïcs et athées du mythe de la Révolution française. En une phrase de sa "Voie romaine", Brague trahit qu'il n'est qu'un petit idéologue consensuel, prouvant sa thèse parce que les adversaires de l'Eglise comme ses partisans admettent le "fait" de sa "romanité" (sic) ; félicité dans les "Temps modernes", écouté par le gratin de la bureaucratie française, quels sont les adversaires du pape et des papistes ? Il apparaît que les derniers catholiques sont tout à fait "neutralisés", du moins en Europe.

    "Médiévistes", beaucoup d'historiens actuels ne le sont que sur le papier, n'ayant aucun recul sur le moyen âge. Même saint Thomas d'Aquin et le moyen âge sont incompréhensibles si l'on décapite ainsi l'Occident ou qu'on déforme la Renaissance. Jacques Le Goff, à peine moins vain que Brague, n'hésite pas à prolonger, lui, le moyen âge jusqu'au XVIIIe siècle ? Pourquoi pas jusqu'à la fin du temps ? Que penser de tels médiévistes, incapables de voir que le XVIIe siècle a rompu profondément avec l'hellénisme ?

    - Le mobile n'est pas seulement pour les catholiques papistes de s'enfermer dans le pré carré du moyen âge, il est aussi et surtout de consacrer le principe d'une Europe militaire contenu dans l'idée d'une Europe essentiellement "romaine". Quitte à bafouer la Vérité et à saccager la théologie. La thèse d'un christianisme militaire et romain relève non seulement de la propagande, mais elle est en outre complètement hérétique sur le plan chrétien. La sainte horreur des premiers chrétiens vis-à-vis des Romains et de leurs principes est tout à fait "évangélique". C'est aux Grecs que saint Paul rend hommage dans la lettre aux Ephésiens, et non aux barbares romains.

  • Le Procès

    Ce n'est plus le procès d'Ilan Halimi mais le Mur des Lamentations. La crucifixion de Barrabas après celle de Jésus. Pour la plus grande joie de Fofana. C'est la passion pour la Loi au seuil de l'Apocalypse. Le principal coupable on ne le voit pas, caché derrière les médiats.

    Marx est saint qui ramène toute balance à l'hypocrisie. D'une part comme de l'autre, c'est la haine. Me Szpiner s'occupe d'exploiter "L'Affaire".

    "Je frapperai de mort ses enfants, et toutes les Eglises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les coeurs ; et je rendrai à chacun de vous selon vos oeuvres." (Ap. II, 23)

    Et quelle est l'oeuvre du jeune homme riche ?

  • L'Essence de la laïcité

    Karl Marx et Mircéa Eliade ne sont pas les seuls à avoir fait le rapprochement entre la religion laïque et la religion juive. Simone Weil confirme, quand elle fait le constat d'un catholicisme complètement "enjuivé" (c'est là qu'il faut situer le mystère de ses réticences à se convertir : dire pis-que-pendre de la religion juive pour se précipiter ensuite dans la religion janséniste eût été illogique ; et Simone Weil réunit d'ailleurs toujours contre elle les Juifs et les jansénistes).

    Suivant cette appréciation, Charles Maurras est une sorte de rabbin, sourd et dégoûté par l'argent. Hitler, lui, a démontré que la religion laïque est tout aussi statique, malgré les apparences, que la religion juive ; il a démontré que "pierre qui roule n'amasse pas mousse" mais fait couler beaucoup de sang. L'Espérance inversée ressemble au long poème pédérastique de Proust.

  • G20 revisited

    Le compte-rendu du G20 avant le G20 par Paul Lafargue :

    "Capital, mon Dieu et mon Maître, pourquoi m'as-tu abandonné ? (...)

    N'ai-je pas vécu selon ta loi ? Mes actions n'ont-elles pas été droites et légales ?

    Ai-je à me reprocher d'avoir jamais travaillé ? N'ai-je pas pris toutes les jouissances que permettaient mes millions et mes sens ? N'ai-je pas tenu à la tâche nuit et jour, des hommes, des femmes et des enfants tant que leurs forces pouvaient aller au-delà ? Leur ai-je jamais donné mieux qu'un salaire de famine ? Est-ce que jamais je me suis laissé toucher par la misère et le désespoir de mes ouvriers ?

    Capital, mon Dieu, j'ai falsifié les marchandises que je vendais, sans me préoccuper de savoir si j'empoisonnais les consommateurs ; j'ai dépouillé de leurs capitaux les gogos qui se sont laissé prendre à mes prospectus. (...)

    Mais, Seigneur, se peut-il que tu frappes si impitoyablement un homme qui n'a jamais désobéi à un de tes commandements ?

    Mais c'est mal, c'est injuste, c'est immoral que je perde les biens que le travail des autres avait si péniblement amassés pour moi.

    Les capitalistes, mes semblables, en voyant mon malheur, sauront que ta grâce est capricieuse, que tu l'accordes sans raison et que tu la retires sans cause.

    Qui voudra croire en toi ?

    Quel capitaliste sera assez téméraire, assez insensé pour accepter ta loi, - pour s'amollir dans la fainéantise, les plaisirs de l'inutilité, si l'avenir est si incertain, si menaçant, si le vent le plus léger qui souffle à la Bourse renverse les fortunes les mieux assises, si rien n'est stable, si le riche du jour sera le ruiné du lendemain ?

    Les hommes te maudiront, Dieu-Capital, en contemplant mon abaissement ; ils nieront ta puissance en calculant la hauteur de ma chute, ils repousseront tes faveurs.

    Dieu farouche, Dieu aveugle, Dieu stupide, prends garde que les riches n'ouvrent enfin les yeux et ne s'aperçoivent qu'ils marchent insouciants et inconscients sur les bords d'un précipice ; tremble qu'ils ne s'y jettent pour le combler, qu'ils ne se joignent aux communistes pour te supprimer !

    Mais quel blasphème ai-je proféré ? Dieu puissant, pardonne-moi ces paroles imprudentes et impies.

    Tu es le maître, qui distribue les biens sans qu'on les mérite et qui les reprend sans qu'on les démérite, tu agis selon ton bon plaisir, tu sais ce que tu fais.

    Ô Dieu doux et aimable, rends-moi tes faveurs : tu es la justice et, si tu me frappes, j'ai dû commettre quelque faute ignorée. (...)"

    "Lamentations de Job Rothschild, le capitaliste", 1887.

    L'actualité de ce texte n'est pas la seule chose remarquable. Bien que Lafargue ne soit pas un historien et un savant comme son "beau-père" K. Marx, il a su parodier intelligemment le ton janséniste dans son pamphlet.

    De fait, avant que la religion capitaliste telle que nous la connaissons ne devienne un refuge d'hypocrites et d'ignares diplômés, le jansénisme réduisit Dieu à une marionnette. Car les fils de la "grâce" (devenue l'"aléa", le "hasard" dans la religion laïque) ne relient pas l'homme à Dieu mais enchaînent Dieu à des martingales terrestres. Blaise Pascal a d'ailleurs parié sur Dieu comme on parie sur un cheval de course ou la remontée du cours boursier. On peut dire que les railleries de Diderot et de Voltaire, Pascal les a plus que méritées ! Si Voltaire avait pris la mesure de la débilité profonde et concordante avec sa théologie des travaux "mathématiques" de Blaise Pascal, rétrograde "carreur" de cercle, il aurait été plus sévère encore.

    - Qu'on note ceci : ramener le christianisme au problème de la Foi, est une manière pour Blaise Pascal de saboter perfidement la Charité. C'est-à-dire de briser la dynamique chrétienne. L'esprit du monde n'a jamais quitté Pascal, en réalité, qui n'est qu'un poseur, le produit de son époque. Précision : la théologie dite "millénariste", celle de Bacon-Shakespeare par exemple, est combattue actuellement par l'ensemble du clergé catholique ou quasi, QUI NE VEUT PAS EN ENTENDRE PARLER. Lorsque le pape accuse François Bacon d'être le père de la science "prométhéenne", c'est, au choix : un menteur ou un ignorant. Le cardinal Barbarin, devenu pape sous le nom d'Urbain VIII, en soutenant l'arriviste G. Galilée et ses tours de passe-passe algébriques a certainement oeuvré beaucoup plus pour la mécanique et la science prométhéenne que François Bacon ou Karl Marx.

    Or la perfidie de Blaise Pascal, la religion capitaliste en "hérite" qui de son côté ramène l'économie au niveau des équations et des principes comptables et abolit ainsi l'examen des conditions de l'activité économique réelle.

    Baudelaire, assez éloigné du communisme, est pourtant assez concret pour souligner que l'honnêteté du commerçant n'est même pas l'honnêteté, elle est simplement le bon sens. Ce que les prêtres capitalistes n'héistent pas à présenter comme "neutre sur le plan moral" n'est autre que le crime.

    Que penser d'un clergé catholique qui a entériné en France récemment sans broncher la généralisation du boursicotage et donc de L'ENRICHISSEMENT "SANS CAUSE" !? Si ce n'est qu'il se vante de n'être pas matérialiste, à l'instar du Job Rothschild de Lafargue, pour mieux se livrer aux mêmes calculs crapuleux qu'un banquier.

    Un chrétien qui croit que l'enrichissement peut ne pas avoir de cause n'est autre qu'un possédé, sans l'ambiguïté de Baudelaire, un innocent les mains pleines de sang.

     

     

     

     

  • Pourvu qu'elle soit une putain

    Comme Paul Lafargue le souligne, "amour vénal" rime avec "Capital" ; seul Tartuffe peut d'ailleurs feindre de l'ignorer désormais. Non que la prostitution soit inconcevable sans le Capital, mais le Capital est inconcevable, lui, sans la prostitution et la convention matrimoniale.

    "L'amour, la passion sauvage et brutale, qui trouble le cerveau, pousse l'homme à l'oubli et au sacrifice de ses intérêts, la courtisane le remplace par la facile, la bourgeoise, la commode galanterie vénale, qui pétille comme l'eau de Seltz et n'enivre pas.

    La courtisane est le présent du Dieu-Capital, elle initie ses élus aux savants raffinements du luxe et de la luxure ; elle les console de leurs légitimes, ennuyeuses comme les longues pluies d'automne." (In : "La Religion du Capital")

    Quoi de plus logique, dans cette voie de garage à bites, que l'idéalisation de la pute par la télévision publique ? Un reportage diffusé récemment renseigne sur l'évolution de la prostitution :

    - une pute "à l'ancienne" fait l'éloge de son métier, du contact avec le client, de l'évasion de métiers abrutissants qu'il permet, de l'incompréhension des "légitimes" qui ont d'autres chats à fouetter... bref, le discours du petit épicier contre la grande distribution. On en deviendrait presque poujadiste tellement la putain à l'ancienne est attendrissante et rappelle les descriptions amoureuses de putes par Drieu La Rochelle ou Picasso ;

    - la pute nouvelle, elle, travaille plutôt dans le porno, qui permet un meilleur rendement et une hygiène sans taches, de ne pas mourir étouffée sous le client ; la pute nouvelle génération est plus jeune, semi-professionnelle, parfois une étudiante qui se prostitue pour payer ses études et s'orienter ensuite vers un autre job. Elle tient un discours plus "froid", plus "marketing", celui d'un chef de rayon, avec des mots anglais pour bien montrer que la prostitution n'est pas en retard sur la technologie. D'ici qu'elle ponde un "mémo" avec des diagrammes et des courbes pour expliquer les parts de marché et les grandes tendances du plaisir, il n'y a qu'un pas.

    "Il est difficile pour un homme de demander à sa femme de lui pisser dessus, si tel est son bon plaisir." explique la pute traditionnelle dans le langage d'une pute qui n'a pas bac+3 et doit avoir du mal à rivaliser dans le domaine du sado-masochisme "high tech" avec ses consoeurs plus jeunes. La tendance à vouloir souffrir encore un peu plus au sortir du boulot ou du conjuguo, et non plus à prendre du plaisir comme au bon vieux temps, est elle aussi caractéristique du capitalisme. Si l'on réouvrait les camps de concentration, il y aurait pas mal de volontaires aujourd'hui, à en croire les putes.

    *

    Ce qui est frappant, et confirmerait encore si c'était nécessaire les vues de Charles Fourier*, Karl Marx ou Paul Lafargue, c'est l'évolution concomittante de la prostitution et du mariage depuis la fin du XIXe siècle. Ces deux institutions éminement sociales et fondées sur l'argent, le pouvoir, ont été peu à peu, depuis le XIXe siècle, recouvertes d'une épaisse couche de guimauve et de sentimentalisme. La prostitution et le mariage bourgeois ou petit-bourgeois, qui ont de toute évidence été modifiés juridiquement par les bouleversements économiques importants au cours du siècle et demi écoulé avant tout, -évolution vers le salariat "grosso modo"-, le mariage et la prostitution sont maquillés par la propagande capitaliste comme une voiture volée ou une mariée le jour de son mariage : le mariage est déguisé en "projet sentimental" ou "existentiel" ; et la prostitution qui en découle en "service social".

    L'éloge de la prostitution n'est donc rien d'autre en définitive que l'éloge discret du mariage. Le capitalisme ne détruit pas l'idéologie du mariage en réalité, mais la renforce bel et bien toujours plus, exactement comme il renforce la prostitution, même si les deux institutions ont de plus en plus tendance à se confondre dans le même sentimentalisme, et pas seulement dans les "parties carrées" qui permettent de faire des économies.

    Il est juste difficile de savoir ce qui est le plus grotesque, du "mariage-divorce" laïc, sorte de polygamie successive à l'usage des bourgeois, qui voudraient donner par-dessus le marché des leçons de morale sexuelle à l'Afrique (!), ou de sa version chrétienne, sorte de "mariage de droit divin" inspiré de la "monarchie de droit divin", qui se présente comme la muséographie ou l'archéologie du mariage ? Choix cornélien.

    On n'hésite pas dans la version démocrate-chrétienne à se référer, pour les plus ignares, à... l'"amour courtois", comme pour prouver que question mensonge et ignorance, le chrétien rivalise sans peine avec le capitaliste lambda.

    Le médiéviste Georges Duby a émis l'hypothèse ("Dames du XIIe siècle") que "l'amour courtois" n'était qu'une forme d'hommage indirect d'un chevalier à un autre, un témoignage (poétique) de vassalité. En somme, en tant que "manipulation politique", l'amour courtois ne serait autre que l'ancêtre du PACS. C'est plutôt cocasse. Ou encore il serait comparable aux éloges incessants de la presse à l'endroit de Carla Bruni. Comme si Sarkozy pouvait avoir un doute sur la servilité du corps journalistique.

    Certitude en revanche, et qui confirme l'hypothèse de Duby, rappelée par l'historien Denis de Rougemont cette fois : l'"amour courtois", qu'il soit réel ou du domaine exclusif de la propagande politique, se présente comme un éloge de l'adultère. Donc "grotesque", le mot est faible pour désigner le fétichisme démocrate-crétin.

    *

    C'est aussi ici l'occasion de rappeler que Karl Marx démontre dans la "Sainte Famille" que l'idéologie allemande, cristallisée dans la philosophie du droit totalitaire de Hegel, est en grande partie inspirée d'une idéologie de la famille et du mariage chrétien. Cette inspiration, qu'on peut résumer à la "génitalité" en réalité, trahit le caractère statique et fixe de l'idéologie de Hegel. Le fameux "progrès laïc" n'est qu'un point mort. Hegel ne se distingue qu'apparemment de Maurras ou Montesquieu ; il ne s'en distingue pas fondamentalement.

    C'est d'ailleurs faute de pouvoir expliquer l'évolution politique autrement que par un mécanisme, que Hegel invente son fameux "sein-dasein", mécanique ET ésotérique. Cet ésotérisme a produit la morale existentialiste capitaliste, aussi sûrement que l'algèbre mène à la spirale et n'appartient plus au domaine de la science dès lors qu'elle n'est plus un simple outil mais commence à engendrer des théories (c'est le cas dès Kopernik).

    La morale existentialiste, divisée en autant de chapelles et de curés qu'il faut pour satisfaire la demande, allant du plus stupide, l'existentialiste nazi d'Heidegger et sa poule Hannah Arendt, au plus ambigu et au plus profond, l'existentialiste Louis-Ferdinand Céline, qui n'est pas un simple touriste et dont la profondeur passe par les bas-fonds, à qui il doit plus qu'aux gratte-ciel, et qui "rachètent" sa poésie ; Céline qui ne se paye pas que de mots.

    L'analyse poussée de Marx permet de comprendre que cet existentialisme n'est autre que la morale totalitaire par excellence. Il permet de comprendre son paradoxe fondateur et son caractère binaire et successif. Et pourquoi même l'épicurisme est une philosophie plus raffinée, puisque l'existentialisme s'efforce de ramener Hegel au niveau moral, au niveau du figuier, l'arbre de la connaissance du bien et du mal dont le sado-masochisme est l'ultime fruit, alors que ce niveau moral, Hegel, malgré toute sa bonne volonté, ne l'a jamais dépassé. Jamais Hegel n'a compris la forme. Il a juste anticipé le cinématographe.

    Epicure procède de la même façon avec Démocrite, mais il le fait sciemment. Marx a donc appliqué l'analyse aux analystes et il en est sorti de l'eau de boudin, baptisée pompeusement par l'université "Philosophie".

    Dans l'idéologie totalitaire de Hegel, je précise que c'est l'Etat qui joue le rôle de la femelle, et l'"homme de la Providence", pour reprendre la terminologie de Hegel, Napoléon, Bismarck, Napoléon III ou Hitler, joue le rôle du mâle fécondant. C'est à ce niveau qu'il faut d'ailleurs situer le mythe d'Oedipe, et non au niveau du drame bourgeois, étant donné qu'on voit bien que l'Etat totalitaire est non seulement une femelle, mais qu'il est aussi une matrice. Louis XIV a beau dire : "L'Etat, c'est moi", on voit bien qu'il n'en est rien et que cette mante religieuse a fini par le bouffer.

    *A propos de Charles Fourier, il faut se défier des inepties à son sujet de l'écrivaillon bourgeois Pascal Bruckner, qui fait pratiquement dire l'inverse de ce qu'il dit à Charles Fourier. Ce bourgeois "rive-gauche" qui n'a cessé de déverser pendant vingt ans ses idioties dans les médiats a d'ailleurs bâti sa réputation de romancier sur l'éloge de la prostitution.

     

     

  • Précipitation ?

    Outre mon "Journal de Guerre", je me suis attelé à un petit traité sur "les fins dernières". Il ne s'agissait pour moi au début que d'écrire sur les conceptions artistiques comparées de G.W.F. Hegel, docteur du "national-socialisme", et de ses adversaires Marx et Engels, docteurs du "communisme".

    On lie généralement Hegel plutôt à des despotes comme Napoléon ou Bismarck, étant donné qu'il est leur contemporain et parce que l'hypocrisie capitaliste "bobo" est répandue dans l'université, mais il y a dans le nazisme quelque chose qui "colle" encore mieux avec l'aporie de Hegel, l'idée de "roue", de mouvement cyclique du temps. A quoi il faut ajouter le caractère ésotérique, à la limite du grotesque, présent dans le nazisme comme chez Hegel (Il faut rappeler bien sûr qu'avant de reposer sur une quelconque "philosophie", Hitler est un chef d'Etat capitaliste qui a sorti l'Allemagne de la crise par une politique de type "keynésien".)

    Un idéologue germanique, je ne sais plus si c'est Koestler ou Freud, a avoué que Shakespeare lui donnait envie de vomir. C'est une remarque physique très intéressante parce que, de fait, il y a tout à l'inverse dans le national-socialisme de Hegel pour faire vomir Shakespeare.

    Marx et Engels ont donné des pages de critique littéraire d'une lucidité étonnante où, bien que Marx et Engels fussent plutôt francophiles, le primat de l'Angleterre est reconnu ; et l'espèce de suborneur de l'art Chateaubriand dénoncé, entre autres traits remarquables. Mais Marx est décédé avant d'avoir pu donner l'essai qu'il voulait sur Balzac, où la jointure entre le communisme et le catholicisme (Balzac est presque le seul catholique de son temps à n'être pas janséniste/libéral) serait sans doute apparue plus nette. A vrai dire l'itinéraire intellectuel de Marx est proprement incroyable puisque, instruit dans un milieu comparable à celui du pape allemand actuel, subissant les mêmes influences que Joseph Ratzinger, il a su les combattre plus efficacement que celui-ci pour, au sortir de cette jungle philosophique peuplée de monstres tel Feuerbach, regagner la science chrétienne la plus moderne, Duns Scot et Roger Bacon pour le Moyen Age, ou "le dernier des Renaissants" François Bacon, plus mystérieux encore pour l'Université laïque, chargée avant tout de divertir les jeunes français, que Karl Marx.

    Il serait trop long de le détailler ici, mais la question du progrès de l'art dans l'Histoire, au plan national-socialiste comme au point de vue communiste, débouche directement sur la question de la lumière et de ses multiples "représentations" au cours de l'Histoire connue, c'est-à-dire environ depuis les travaux de Pythagore et de sa secte démoniaque - j'entends "démoniaque" ici au sens "neutre", c'est-à-dire au sens d'Homère et non du Nouveau Testament, où les démons sont reconnus et combattus en tant que tels. Dans la théologie catholique, ne pas croire à Satan revient à ne pas croire dans les Evangiles : il va de soi que cela ne s'applique pas à Pythagore ou à Thalès. De Pythagore jusqu'à A. Einstein, même si les sophismes de ce dernier sont beaucoup trop grossiers, par rapport à ses équivalents grecs ou romains, pour qu'on s'y attarde. L'observation par Simone Weil de l'absurdité complète des travaux de Max Planck vaut plus encore pour Einstein et Poincaré, qui ne sont que des "sous-Bergson".

    *

    Aussi ai-je élargi mon étude à une comparaison non seulement des deux moteurs du progrès artistique, mais carrément des deux "eschatologies laïques" de Hegel et Marx ; jusqu'à la comparaison qui s'impose de cette comparaison avec l'apocalypse de saint Jean, objet si ce n'est principal de l'eschatologie chrétienne, du moins une part essentielle.

    Il paraît évident en effet que les trois faits suivants ont la même cause :

    - l'absence de pensée historique proprement "catholique" ;

    - le mépris des théologiens catholiques contemporains pour l'apocalypse, dont l'étude est reléguée en-deçà de basses questions de moeurs, voire de questions purement juridiques comme celles du mariage ou encore la question de la "doctrine sociale" de l'Eglise, thème renfermant plus d'hypocrisie et de lâcheté que les théologies de saint Augustin et saint Bernard de Clairvaux réunies, sans compter les pirouettes de Jean Guitton, toupie pascalienne, tant l'impérialisme occidental a fait dégorger de sueur et de sang les non-esclaves du tiers-monde au cours du dernier siècle ; tant la passivité de l'Eglise face au crime de l'avortement chimique en série choque, jusqu'aux instigateurs de ce crime même parfois (Cf. les 'Mémoires' de l'académicienne Simone Veil) ; si bien qu'on n'est pas étonné que Dante Alighieri croise autant d'ecclésiastiques dans son 'Enfer' ;

    - le frein mis par l'Eglise à l'exégèse "bloyenne" qui consiste non pas à superposer le Nouveau et l'Ancien Testament, erreur qu'Augustin ne commet même pas, mais à les confronter, en quelque sorte de façon "dialectique", pour reprendre le terme grec classique.

    Le mot de Bernanos selon lequel "Hitler a déshonoré l'antisémitisme" n'explique pas tout en l'occurrence, ni même le soucis de certains prélats de plaire aux médiats et de se fondre autant que possible dans le décors des plateaux de télé, le primat des Gaules Barbarin étant sans doute, encore une fois, le plus bel exemple de lopette démocrate-chrétienne qu'il m'ait été donné de voir de ma vie, pourtant riche en rencontres de cette sorte.

    Vu que l'Histoire est sujette à des précipitations, et tous les efforts de Marx et de Hegel tendent d'ailleurs à deviner quel peut bien être le moteur de ces précipitations, vu que "Nous ne connaissons ni le jour ni l'heure", il me paraît opportun de jeter d'ores et déjà ici quelques jalons.

    - Des deux eschatologies laïques en présence, qui n'ont été enrichies substantiellement ni l'une ni l'autre au XXe siècle, sauf l'eschatologie marxiste par les observations de Simone Weil dans le domaine des mathématiques dites "dures", de l'eau de boudin en réalité, celle de G.W.F. Hegel apparaît comme sacrifiant le plus à l'ésotérisme.

    (Tout l'effort des "philosophes marxistes" après Marx, disons sous l'influence du stalinisme pour simplifier, a consisté à réduire Marx à Hegel, à lui faire parcourir tout le chemin qu'il avait parcouru dans le sens inverse, comme Pénélope détricote son ouvrage pour gagner du temps - ou à le réduire à n'importe quoi, comme Derrida. Côté Hegel, ses ramifications ne valent pas mieux, et l'"existentialisme" n'est qu'une longue dissertation de philosophie ennuyeuse, qui ennuie Sartre lui-même au point qu'il préfère "Bibi et Fricotin" ou "Jules Verne", des extrapolations quasi-algébriques justement, dérivées de spéculations de Hegel, elles-mêmes dérivées de la morale épicurienne/stoïcienne, et qu'on retrouve aussi chez saint Augustin ou certains scholastiques ineptes. J'ai cité Derrida comme exemple de délire marxiste ; pour Hegel on peut citer Heidegger, ultime crétin nazi, "ultime" dans le sens où Hitler lui-même n'est pas si con ; Heidegger dont on peut se demander s'il fait la différence entre la philosophie d'Aristote et celle d'Epicure. Quant à Nitche, cas à part, parodiant M. Rubel, l'exégète de Marx dans l'édition de la Pléiade, on peut dire qu'il incarne à peu près ce que Marx serait devenu si Marx avait été une femelle sentimentale comme Nitche et non un humaniste sérieux.)

    - La "phénoménologie de l'esprit" : voilà l'expression de Hegel qui résume le mieux le caractère démoniaque de la pensée de Hegel, où transparaît le mieux que la pensée de Hegel n'est pas une science vivante, mais bel et bien un 'produit', une poésie, un hymne nostalgique, une philosophie morte, tout ce qu'on veut dans le genre médaille d'or aux jeux pythiques.

    Il n'y a pas d'organe neuf chez Hegel, mais un mélange bien rangé d'empirisme, de théologie et de morale archaïques.
    Pour faire le lien avec l'apocalypse, la Bête de la Mer passe précisément par le "phénomène" pour sidérer ses victimes.
    Neptune, les sirènes, Charybde et Scylla... sont autant de démons surgis de la mer en travers du chemin du retour vers Ithaque. La théodicée de Hegel s'achève par la mort d'Ulysse devant les remparts de Troie. Comment Hegel fait-il pour concilier la très grande génitalité et la très grande spiritualité ? Il n'y parvient pas, pas plus que Darwin ou un prêcheur chrétien du mariage de droit divin.

    Comme "phénomène" on peut citer à titre d'exemple l'électro-magnétisme, en raison de sa connotation satanique (appliqué à de la limaille de fer l'aimant dessine un diable), mais aussi parce que ce phénomène joue un rôle non négligeable dans les spéculations débiles d'Isaac Newton, que William Blake ou Robert Fludd avaient bien percé à jour, en plus d'une théologie anglicano-loufoque, au moins aussi loufoque que celle de Kepler. Dieu sait que la science protestante, même si Luther a toujours récusé l'idéologie héliocentrique (Luther est plus catholique que Benoît XVI !), Dieu sait que cette science-là a pu fournir de nombreux modèles à Shakespeare pour les personnages des traîtres Rosencrantz et Guildenstern.

    Au phénomène s'oppose l'épiphanie. Il a manqué à Marx, Engels et Simone Weil de pouvoir atteindre jusqu'à l'astrologie, comme Shakespeare, même si Marx sait que bien des conflits ne peuvent se résoudre qu'au plan astronomique.

    Il n'y a que deux camps, il n'y en a pas trois. Et les tergiversations de Benoît XVI le rendent extrêmement suspect ; ou bien c'est un béotien, ce qui revient exactement au même. "La laïcité est une bonne chose, je crois", a dit le dernier pape ; il ne croit pas, il doute. Son doute est sa foi.

    *

     


    - Question d'art "populaire", le progrès selon Hegel se fait vers la musique. Pour un marxiste, la musique est militaire et mondaine ou tribale. Les sorciers laïcs croient deviner de la musique partout, jusque entre les hautes sphères, qu'ils s'imaginent sifflantes, comme le python, par friction. La "phénoménologie" peut aussi être comprise comme une "fascination par la musique". Dans la théodicée de Hegel, Ulysse ne se bouche pas les oreilles avec de la cire.

     

    *


    "Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d'avoir droit à l'arbre de la vie, et afin d'entrer dans la ville par les portes ! Dehors les chiens, les magiciens, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres et quiconque aime le mensonge et s'y adonne !" Ap. XXII, 14-16

    Comparant ensuite avec l'apocalypse de saint Jean, j'observe brièvement :

    - que Satan se manifeste dans la Vie de Jésus de deux façons différentes, il paraît lui-même d'abord, à l'instar de la Bête de la Mer dans l'Apocalypse, avant d'influencer les Pharisiens et Pilate, les prêtres et le gouvernement, et d'agir indirectement, comme la Bête de la Terre.

    L'exégèse officielle actuelle de l'apocalypse, très contestable (notamment l'ouvrage "officiel" du franciscain yanki Stephen Doyle) est marquée par l'augustinisme ; y compris un exégète moins "bénin", pour rester poli, et plus ancien comme Césaire d'Arles.

    J'y reviendrai, mais disons-le brièvement, la source de Hegel est dans Augustin, Bernard de Clairvaux, comme l'a mis en lumière le médiéviste Etienne Gilson. On peut le dire autrement : Hegel et Augustin tirent leur savoir, comme les Romains, des savants grecs les plus désuets.

    Karl Marx de son côté reconnaît que le matérialisme anglais qui est le sien, même si c'est un peu flou dans sa tête, qu'il ne différencie pas comme il faut F. Bacon de D. Hume, découle de la science scolastique de Duns Scot.

    A ceux qui ne comprennent pas comment un philosophe, Marx, à qui on a collé une étiquette d'athée, vocable lui-même soumis à de très nombreuses variations au cours de l'Histoire (ou Blaise Pascal est "athée" selon moi, ou c'est un blasphémateur), peut rejoindre la théologie catholique il faut expliquer trois choses :

    - Le tour "prométhéen" de Marx, sa rébellion contre le pouvoir civil et religieux qu'il assimile à bon droit, puisqu'en France même, Napoléon III, pour des raisons électorales d'abord, jugea bon de recouvrir son régime d'un vernis chrétien, l'a préservé d'une théologie chrétienne complètement "sécularisée".

    - Le sérieux scientifique de Marx et son goût de la vérité lui ont évité de devenir une sorte de fou furieux à la fois rébarbatif et satanique comme Nitche, qui fabrique de toutes pièces l'histoire de la Grèce et celle de Rome, forge cette notion misérable de "civilisation gréco-romaine", au lieu de se concentrer sur l'essentiel comme Marx, à savoir précisément ce qui oppose les Grecs aux Romains.

    - La troisième est ce que j'appelle "le mystère François Bacon", plus mystérieux encore que la décadence de la science grecque après le sommet que représente Aristote. La bonne dialectique de l'Histoire est englobée pour Marx dans le secret de la "chute" des Grecs. Mais le mystère de la "chute" de l'Angleterre, front pensant de l'Europe, après François Bacon alias Shakespeare, est encore plus mystérieux puisque Marx et Engels ne l'ont pas discerné aussi clairement que le problème grec. Et pas plus l'historien plus ou moins marxiste François Furet.

    *


    La difficulté de distinguer le diable du Paraclet comme le souligne la théologie de Léon Bloy, méprisé et qualifié de "millénariste" par des clercs "mondains", faces de carême comme Pascal, la difficulté vient du tour de Satan qui consiste à porter le masque séduisant de "Lucifer".
    Il ne paraît donc pas imprudent d'aiguiser son arme et de se méfier des tentures, voiles d'hypocrisie derrière lesquels s'abritent les pharisiens, quitte à, s'il le faut, porter comme Hamlet l'estocade.

     

  • L'Economie pour les Nuls

    "Il suffit de remarquer que les crises sont chaque fois préparées justement par une période de hausse générale des salaires, où la classe ouvrière obtient effectivement une plus grande part de la fraction du produit annuel destiné à la consommation." Karl Marx

    Les médias capitalistes tentent tant bien que mal de dissimuler deux faits à l'opinion publique :

    - Le premier, c'est que la crise actuelle correspond bien au schéma économique auquel Karl Marx consacra vingt années d'études. Il s'agit bien en effet d'une crise due à l'excès de crédit et de Capital, et non au manque de Capital ; la surproduction de biens de consommation n'est que le corollaire de l'excès de Capital.

    Autrement dit les gaspillages dantesques dont nous sommes les témoins, derrière lesquels se dissimulent des vies de labeur harassantes, à quelques milliers de kilomètres de nous, ne sont pas dûs à l'incompétence des banquiers, mais à l'impossibilité de faire fructifier normalement l'excès de Capital accumulé par les grands banques nationales. Nulle philantropie bien entendu dans les prêts consentis à des foyers insolvables aux Etats-Unis, mais une conséquence de ce "débord" de crédit.

    - La "morale" de Jérôme Kerviel ou de Daniel Bouton, des escrocs de toutes sortes, n'est pas en cause non plus ; c'est surtout au plan mental que ce genre d'énergumènes est déficitaire. Le problème général est un problème de responsabilité, du banquier à la caissière de supermarché en passant par l'officier français volontaire pour une mission en Afghanistan, le tortionnaire d'un camp de  prisonniers en Pologne ou ailleurs. Le totalitarisme est au contraire "hypermoral" et le léviathan une grosse baleine qui dévore ses enfants.

    C'est l'excès de conventions dans tous les domaines qui mène à l'irresponsabilité. Ainsi, dans le domaine du langage, le soucis excessif des conventions, orthographiques ou grammaticales, reflète cet esprit femelle et les effets du "discours de la méthode" sur la virilité, le "fétichisme" du langage, très net chez des auteurs comme A. France ou son pasticheur M. Proust. Contre ce fétichisme en grande partie, Louis-Ferdinand Céline a bâti la seule oeuvre littéraire vraiment vivante du XXe siècle. La préoccupation du style chez Céline n'est que "résiduelle" et ce qui le mobilise est bien l'expression d'une vérité occultée au premier chef.

    Auparavant Alphonse Allais, auteur populaire lui aussi, dans le canard que lisait le paternel de Céline, faisait ressortir par ses pastiches cette sclérose de la langue française. Allais est mi-figue mi-raisin. La marque du totalitarisme en littérature consiste dans la "parodie involontaire" qui est le niveau de la littérature actuellement. 

    De la même phalange, Léon Bloy est, lui, un auteur presque entièrement dépourvu de style, mais qui a survécu comme Marx exclusivement par la force de son message eschatologique.

  • Journaliste et chrétien ?

    Peut-on être journaliste et chrétien en même temps ? En dehors de la conjoncture même, de la mainmise de l'industrie sur les médias qui l'interdit pratiquement aujourd'hui, force est de constater que c'est un métier incompatible avec le combat aux côtés du Saint-Esprit, combat qui est l'essence du catholicisme, essence bien comprise par Simone Weil qui, Dieu merci, est vierge ou presque de tout "journalisme".

    Cette "somme de journalisme" qu'est Jacques Julliard, observateur obstrué, peut bien essayer de démontrer le contraire, il n'y a qu'un imbécile pour ne pas voir que Simone Weil n'aurait pas "tenu" trois jours dans une "rédaction" au milieu des scribes, qu'elle aurait été virée sur le champ pour excès de pertinence. La vie de Simone Weil elle-même constitue une purge de l'esprit journalistique qui plane sur nos têtes, tel un gaz asphyxiant : gaz hilarant lorsque Obama est élu, gaz irritant lorsque un type inconnu, Williamson dit... dit quoi, au fait ?

    L'actualité est au coeur du métier de journaliste, et l'actualité est synonyme de ce que Shakespeare appelle "temps", ou que d'autres théologiens appellent "le monde". Autrement dit le territoire de Satan, où la Bête de la terre a toute-puissance. (Parlez du diable à un journaliste démocrate-chrétien, il vous regardera avec des yeux de merlan frit ; parlez-en avec un enfant, il pigera tout de suite où vous voulez en venir, ce d'autant plus que les symboles sataniques ont envahi les jeux et les distractions des enfants, passés de la culture populaire yankie à la culture populaire française au cours des dernières décades, avec la complicité du clergé*.)

    *

    Il y a une tentative importante et célèbre de "journalisme chrétien", c'est l'"Univers" de Louis Veuillot (1813-1883), polémiste catholique souvent imité depuis, rarement égalé, et dont l'organe eût une puissance équivalente à celle d'une chaîne de télévision aujourd'hui.

    Quoi que l'attitude bienveillante du pape Pie X à l'égard de Louis Veuillot puisse laisser conclure, l'entreprise de Louis Veuillot s'est globalement soldée par un échec. L'Histoire donne raison à Léon Bloy, plus que dubitatif sur les velléités de Veuillot de propager la Charité par le moyen de la presse. Bloy permet d'ailleurs de poser le problème comme il faut. Le rapprochement entre l'"actualité" et le "temps", pour éviter précisément d'être emporté par "l'air du temps", ce qu'un journaliste laïc lui-même refuse, oblige en principe un journaliste chrétien à parler de l'actualité dans une perspective eschatologique. Hors de ce cadre, défini par Léon Bloy, le journalisme au sens chrétien est nul et non avenu. Bloy ne se contente pas là de définir un simple "cadre", il fixe un sommet élevé, car il y a bien sûr, de l'eschatologie à la critique des films qui passent à la télé comme un GOUFFRE, que même un abonné à "Famille chrétienne", "Télé-Poche" ou "La Vie" est capable de voir -ou bien c'est que "La Petite Maison dans la Prairie" fait des ravages dans les jeunes cervelles encore plus grands que ce que je crois.

    Et l'échec de Veuillot tient à cela, à ce qu'il n'a pas été à la hauteur de l'eschatologie nécessaire. Ses origines très modestes, sa formation "sur le tas", le climat insurrectionnel dans lequel Veuillot a mûri, toutes ces raisons peuvent expliquer la faiblesse de la critique de Veuillot, historique notamment. Mais ce n'est pas le problème, il ne s'agit pas de condamner les "intentions" de Veuillot mais de juger du résultat, car contrairement à ce que prétend de façon hypocrite saint Augustin, les intentions seules ne comptent pas ; le résultat a, on est bien placé pour s'en rendre compte, une importance très grande. La Bible elle-même prône contrairement à Augustin l'action et son résultat sur les bonnes intentions dont le parvis de l'Eglise est pavé.

    Une précision s'impose à propos de Veuillot et de "L'Univers" : aussi peu avisé fut celui qu'il est convenu de tenir aujourd'hui dans l'Education Nationale totalitaire pour "un méchant réactionnaire", "l'ennemi de Victor Hugo", aussi peu avisé fut-il des mobiles réels du régime de Napoléon III, Veuillot ne fit JAMAIS preuve de l'aveuglement VOLONTAIRE des démocrates-chrétiens actuels, journalistes aux "Figaro", par exemple, quant aux mobiles réels de Sarkozy et de Fillon, dont ils ne se dissimulent d'ailleurs quasiment pas.

    *

    Puisque ni Bloy ni Simone Weil ne furent "journalistes" au point d'embrasser cette profession et d'en épouser les usages,  y eût-il dans l'Histoire des journalistes "catholiques", c'est-à-dire apocalyptiques ? En dehors de Balzac, de Marx et de Engels, traqués par toutes les polices d'Europe ou presque pour cette raison, je n'en vois pas. Alphonse Allais ? Il s'est contenté de souligner l'absurdité profonde des principes républicains, ce qui n'est déjà pas mal, mais si j'en fais un journaliste "apocalyptique", on va m'accuser de "charrier", alors que j'essaie d'être juste. Villiers de l'Isle-Adam, en revanche, entre dans le cadre, compte tenu de la forme très spéciale de journalisme qu'il pratique. Et j'ajoute Daumier, pour sa façon de peindre le clergé laïc, avocats, magistrats et députés, sous les traits de pharisiens déchaînés, vision assurément apocalyptique.

    Balzac, Marx, Engels, Villiers, Daumier... disons une petite phalange ; maigre recensement.

    *Sur la complicité du clergé dans le satanisme, accusation très grave, je reviendrai ultérieurement comme il se doit, à partir de l'exemple de Jean Guitton.

  • Pourquoi Simone Weil encore

    Simone Weil, si elle n'est pas solide comme Marx, plus isolée encore qu'il n'était, n'en est pas moins, l'air de ne pas y toucher, la plus grande philosophe du XXe siècle (quoi qu'elle eût sans doute trouvé ce titre un peu 'pompier').

    Peu académique, elle est en butte encore aujourd'hui à la jalousie et la méfiance des universitaires, dont elle dénonce l'emphase et la vacuité, tout simplement, par son style direct. Car elle prêche la croisade aux ENFANTS, ceux-là qui ne sont pas encore résignés à mourir, non  pas aux vieillards occupés à peaufiner déjà leur plaidoirie, le genre Guitton. Aucun doute que si la théologie de la LIBERATION cherche un soldat, Simone Weil est là.

    Contre Simone aussi, les médisances des journalistes, rompus dans le régime totalitaire à étouffer les scandales et faire diversion. Pour donner une idée, si Simone Weil donnait des intervious aujourd'hui, à la presse ou à la télé, les impertinences de Mgr Williamson paraîtraient bien bénignes à côté, tant Simone diffère du type du lèche-cul actuel, prédestiné à servir dans les médias de porte-parole aux entreprises les plus crapuleuses.

    Sous couvert de lui rendre hommage, la presse s'efforce de rabaisser Simone au niveau d'Hannah Arendt, truite d'élevage germanique pour sa part, qui n'a semble-t-il inventé ce vieux truc éculé de la 'banalité du mal' que pour mieux exonérer son ex-amant, Herr Professor Heidegger, baderne philosophique ridicule, de s'être mêlé de doter le national-socialisme d'une philosophie, au lieu de monter la garde dans un mirador, à quoi on l'aurait vraisemblablement assigné s'il avait été moins frileux. Comme si Hitler était assez con pour vouloir doter le nazisme d'une philosophie et pour prêter attention à un tel cacouac !? A force de prêter tous les défauts de la terre à Hitler, la ruse et la folie simultanément, on frise la caricature historique. Chaplin, qui montre Hitler en chef d'orchestre, révèle au moins un aspect du totalitarisme : son tribalisme sophistiqué, qui ne va pas sans escorte musicale. Pour les autres satires, elles en disent plus long sur le système actuel que sur le nazisme et ses chefs de service irresponsables.

    Donc, si toute cette glu philosophique qu'on subit aujourd'hui, tous les Luc Ferry, les BHL, les Onfray, les post-nitchéens, les antékantiens, les rétro-kierkegardiens, emprunte bien plus ou moins à Arendt et Heidegger cette façon de mieux jeter de la poudre aux yeux des béotiens en s'enflant de formules amphigouriques (Sartre ne prend pas vraiment tout ce cirque existentialiste au sérieux et publie même à la suite de 'L'Existentialisme est un humanisme', désinvolture amusante, quelques pages d'un confrère qui démonte efficacement le système algébrique existentialiste, et renforce ainsi la comparaison qui s'impose entre l'existentialisme et ces meubles en kit importés de Suède, laids comme l'infini.) MAIS Simone Weil, elle, en revanche, DIT quelque chose et ne se contente pas de jouer aux ricochets dans la mare de Pythagore pendant qu'aux quatre coins du monde continuent de crever les esclaves du Capital, bercés par les 'Droits de l'Homme'.

    *

    Maintenant trois motifs qui font que Simone Weil s'élève au-dessus du siècle de l'électricité et du gaz :

    1/ Son antisémitisme, que la presse officielle s'efforce de faire passer, tantôt pour une faute de goût, tantôt pour une tare génétique - quand ce n'est pas le gugusse yanki Francis Kaplan, qui se perd en erratiques et sinueuses explications sur la Bible dans 'Les Temps modernes' pour tenter tant bien que mal de discréditer Simone aux yeux d'un public déjà rallié à son étrange cause.

    L'antisémitisme de Simone Weil n'est pas un antisémitisme idiot, la marque d'un monopole sur un bien dont elle voudrait priver son prochain, idiotie qu'on retrouve plus aujourd'hui dans l'antiracisme aujourd'hui, badigeon pratique, comme on l'a vu avec Obama, sur les entreprises capitalistes les plus douteuses.

    Non, l'intérêt de l'antisémitisme de Simone Weil est qu'il vise l'Eglise catholique plus encore que la diaspora juive, dont Simone Weil n'est ni spécialement solidaire (d'où les griefs de cette diaspora à son égard), pas plus qu'elle n'est son ennemie.

    L'anticléricalisme de Simone Weil n'est pas très éloigné de celui de François Bacon, alias Shakespeare, théologien lui aussi armé contre la Synagogue de Satan et qui refuse que le christianisme soit changé en une religion de bonnes femmes, devienne 'la religion de Marthe' (ce qu'elle est devenue 'urbis et orbis'). Shakespeare comme Simone Weil est sous-tendu par cette idée forte que la vie de Jésus est secouée par des phases comparables aux phases de l'Apocalypse, vision historique de saint Jean, et qu'il est donc logique, au cours du règne de la Bête de la terre, de connaître un regain du pharisaïsme.

    *

    2/ Comme Drieu La Rochelle, Hitler, Gombrovitch, Etienne Gilson, Milosz, Simone a deviné la convergence d’esprit entre Marx et la théologie catholique de la Renaissance. Gombrovitch dit ceci, de façon involontairement cocasse, que les communistes et les catholiques partagent la même façon concrète de penser, à ce détail près que les catholiques croient en Dieu (ce qui aux yeux de l'existentialiste Gombro n'est pas très réaliste -en dehors de leurs petits miroirs et donc du langage, rien n'apparaît comme étant bien réel aux 'existentialistes').

    De manière plus précise, on peut dire en effet que le christianisme authentique de François Bacon, par exemple, comme la science de Marx et Engels, sont tout deux radicalement opposés au puissant courant de la Réforme -luthéranisme, puritanisme, jansénisme et anglicanisme au premier chef-, qui, dès le XVIIe siècle, va transformer la théologie peu à peu jusqu'à en faire un outil entièrement au service de César, tour sinistre de l'Histoire, et dont l'ultime produit est cette rhétorique inconsistante, qui se mord la queue, et qu'on appelle 'libéralisme', qui se résout dans la justification des crimes de l'appareil d'Etat par le Capital, puis dans la justification des crimes du Capital par l'appareil d'Etat, à tour de rôle.

    Non que le 'césarisme' naisse à proprement parler au XVIIe siècle ; on en trouve déjà les traces dans les thèses d'Augustin d'Hippone, et dès les premières Eglises, mais le 'césarisme' balaye au XVIIe siècle presque tout le reste. Le dogme prend devient algébrique, statique, et perd son dynamisme.

    Qu'on songe par exemple à l'isolement de Léon Bloy au XIXe siècle, le mépris glacial du clergé face aux velléités viriles du Lion de Montmartre de restaurer le catholicisme de Joachim de Flore, la charité de François d'Assise ? ça paraît incongru ; l'heure est plutôt aux parodies d'architecture néo-baroques, aux contes sado-masochistes de la Comtesse de Ségur, à la compromission avec les spéculations sur la Nature les plus fumeuses, etc.

    Le combat de Marx et Simone Weil contre le totalitarisme, postérieur au XVIIe siècle, renvoie à un combat similaire antérieur au XVIIe siècle, celui des Albigeois, réprimés dans le sang par Bernard de Clairvaux, par exemple ; ou encore le combat d'Hamlet, transposition par François Bacon pour le grand public de ses préoccupations scientifiques les plus graves. Le progrès, en termes marxistes, s'apprécie au regard de la nature, plus ou moins rongée par le cancer, et non pas au regard du langage, dans un repère algébrique orthonormé, comme le progrès laïc ou capitaliste, stupide idéologie, au niveau du nombril, d'accumulation du Néant au Néant.

    L'idée forte partagée aussi bien par Marx que Simone Weil, Balzac, François Bacon ou même Rabelais, cette idée que la science n'est pas un colloque mais un bien commun à l'humanité, que la Nature est un livre ouvert, cette idée forte implique de voir dans la science cabalistique, néo-pythagoricienne, la 'science dure' comme elle se qualifie parfois elle-même, pour mieux dissimuler son absence totale d'érection, cette idée implique de voir dans tout ce fatras ésotérique, qui sert souvent de justification, comme Darwin, aux entreprises les plus criminelles, un véritable 'hold up', un facteur d'anarchie dantesque, une arme terrible entre les mains de César.

    *

    3/ Après l'élévation historique de Simone Weil par-dessus le moralisme de crétins comme Nitche ou Sartre, produits dérivés d'un christianisme entré en putréfaction au XVIIe siècle, il convient de signaler ce détail qui a son importance, à savoir que Simone Weil a vu clair à travers le jeu de l'empirisme, celui des nullibistes Descartes, Huygens, Newton, avant Laplace et les polytechniciens. Si, à ma connaissance, elle n'a pas pointé du doigt le caractère satanique de l'empirisme, qui transpire de tous les côtés, c'est peut-être par égard pour son propre frère, André, lui-même gravement compromis avec son groupe 'Bourbaki', dans l'entreprise démoniaque de la science dite 'empirique', immense fiasco, relégation de la métaphysique et de l'astronomie au rang de la balistique et des probabilités.

    Est-il besoin de rappeler le nombre de pseudo-savants qui se sont vu décerner des prix Nobel et qui sont gravement compromis dans la faillite d'une économie qui s'inspire des règles du 'black-jack', de la tontine et du bonneteau ? Faut-il rappeler que ces procédés inventés pour ventiler l'excédent énorme de crédit, exactement comme un gangster va jouer à Monte-Carlo les millions qu'il a dérobés ? Et que derrière ces jeux cyniques il y a des affamés et des morts, pas seulement des chômeurs en France ? C'est inutile. La Sorbonne fait régner l'omerta, mais personne n'est vraiment dupe.

    Cet extrait du colloque de Catherine Chevalley à l’université Columbia (nov. 1999) témoigne de la lucidité de Simone Weil : "La science ressemble à l’empereur du conte d’Andersen ; les quanta d’énergie sont contraires à la raison." "Artificielle, vide de pensée, décapitée, algébrique, dénuée de sens, plate, nue, irrationnelle : voilà, si l’on se fonde sur ces passages, ce qu’est devenue la physique au XXe siècle aux yeux de Simone Weil" : le commentaire est de Catherine Chevalley, qui tient bien sûr à se démarquer personnellement de la condamnation sans appel de Simone Weil, pour qui la crise totalitaire de la science est plus grave que celle que la Grèce connut au Ve siècle av. J.-C !

    Cette Chevalley possède assez d'instinct pour s'en tenir au rôle du présentoir et entendre que ce jugement contient une condamnation  de l'Université dans son ensemble, pas seulement une condamnation de Planck ou Helmoltz, tous les jongleurs dans le genre de Riemann ou Feynman, Einstein, Poincaré (la liste est longue : autant de postes de fonctionnaires à pourvoir, autant d'imposteurs).

    Simone bouscule dans son dessein toute la science historique aussi, comme Marx, toute l'épistémologie et les mathématiques laïques. Le véritable Néant, le véritable trou noir, Simone en esquisse le pourtour. La bourgeoisie tour à tour mondaine ou dévote, confite même en religion laïque, c'est Don Juan, et le trou noir l'entrée circulaire de l'entonnoir où elle bascule, avec sa poussière.
    Ce coup de toise 'révisionniste' dans la fourmilière est largement suffisant pour que la racaille démocrate-chrétienne, juive, laïque, cartésienne, s'efforce de faire passer Simone Weil pour une folle hystérique dans le genre de Thérèse d'Avila.

    *

    Pour enfoncer le glaive dans l'oeil du cyclope, décapiter avec plus d'efficacité tous ces vieillards planqués derrière les murailles de Troie, les prêtres de Bel, il convient d'appuyer la charge de Simone Weil, Marx et Engels, par la profession de foi d'Hamlet dans la stabilité de la terre, au centre du monde. Il faut viser l'empyrée de la vague de spéculations et de musique. Avant Descartes et Newton, le premier dérapage, la première victoire du Temps, monté sur le cheval clair, vient des spéculations de Kopernik et Galilée, crabes sournois, arrivistes sans scrupules, appuyé pour ce dernier par un barbarin simplet, pape sous le nom d'Urbain VIII (!). Idem pour Kepler, qui manie l'ellipse avec une habileté diabolique, comme Blaise Pascal.

    C'est là une première victoire de la mort sur la vie que la prétendue 'révolution copernicienne', mobilisation générale en vérité, et qui marque le basculement d'une religion apocalyptique vers une religion de la 'bonne mort', coup de maître de la part de Satan sous son masque de porteur de Lumière.

    Contrairement aux autorités religieuses démocrates-chrétiennes ou laïques, les croyants sincères ne doivent pas se laisser posséder par tout ce cinéma, cette science-fiction. Car à la fin du temps, c'est Polonius et Claudius qui crèvent, et Ophélie, Guildenstern et Rosencrantz. Hamlet, lui, rejoint directement les étoiles de la Voie Lactée.

  • Enseignement libre

    Karl Marx commente ici les lois françaises de 1849-1850 :

    'Art. 9 : L'enseignement est libre. La liberté de l'enseignement s'exerce selon les conditions [de capacité et de moralité] déterminées par les lois et sous la surveillance de l'Etat.'

    C'est, une fois encore, la vieille plaisanterie 'L'enseignement est libre', mais 'selon les conditions déterminées par la loi', et ce sont précisément les conditions qui suppriment complètement cette liberté.

    Par la loi du 15 mars 1850, tout le système d'enseignement est placé sous la surveillance du clergé.

    Propos édifiant de Marx. Depuis, rien n'a changé ou presque. L'oppression et la censure persistent, mais au lieu d'être actionnée par une commission de quatre évêques comme en 1850, concession de la dictature bonapartiste à l'électorat catholique, l'orientation idéologique est désormais contrôlée par des ministres et leurs recteurs.

    L'Histoire contient trop de vérité pour pouvoir être enseignée sérieusement dans une institution, l'Education nationale, désormais totalement sclérosée. Les médias relaient cette bêtise, en faisant passer des charlatans comme Max Gallo, Jacques Marseille ou Alain Minc pour des historiens.

    Ce petit extrait a aussi le mérite de placer le 'parti catholique' aussi bien que le 'parti laïc' face à leurs responsabilités :

    - le parti catholique, revendiquant la liberté de l'enseignement dans les années 1980, réclamait bel et bien une liberté contre laquelle il avait auparavant lui-même lutté par l'intermédiaire de ce comité d'évêques, suppôts d'une dictature bourgeoise satanique.

    L'anticléricalisme farouche de Paul Lafargue est donc très loin d'être dénué de fondement, et l'alliance du Capital et de l'Eglise, alliance perpétuée par le petit marigot chrétien pro-américain, subventionné par Dassault ou Michelin, n'est pas, hélas, nouvelle. Je suis curieux de voir quelle va être la réaction de ce parti aux déclarations marxistes de l'archevêque de Munich, Mgr R. Marx, déclarations surprenantes dans une Allemagne elle-même totalement gangrenée par le capitalisme et la démocratie-chrétienne (je n'ai pas encore lu le livre de Mgr R. Marx en ce qui me concerne), où l'Eglise a elle-même trempé dans ce crime d'Etat qu'est l'avortement.

    - le parti républicain laïc, lui, comme Marx l'a discerné dès sa naissance, et Charles Péguy un peu plus tard, ne fait que reprendre la dogmatique et l'organisation de l'Eglise janséniste ou protestante contre laquelle il prétend s'être construit. Le léviathan laïc de Hegel n'est qu'une resucée du léviathan chrétien de Hobbes et on se prosterne dans la religion laïque devant les mêmes idoles ésotériques que dans la religion janséniste ou réformée.

    Le panthéon romain est reconstitué, où les dieux ne s'appellent plus 'Jupiter', 'Minerve' ou 'Mercure', mais 'Parlement', 'Sécurité sociale', 'Armée', 'Education nationale', 'Crédit agricole', 'Caisse d'Epargne', ces nouveaux démons n'ayant pas une moralité plus moderne que Neptune ou Jupiter.

    Les marques évidentes de tribalisme -plus un village de France ne possèdera bientôt son 'tatoueur', pour prendre un exemple parmi des dizaines- ce tribalisme, l'Eglise laïque est bien sûr la plus mal placée pour le voir, dont le clergé, Lévi-Strauss est un bon exemple, se croit 'tropical' alors qu'il fait du surplace. Cet espèce de manchot-empereur prétend avoir lu Marx et Engels. C'est sûrement de droite à gauche dans ce cas. Quant à l'Eglise catholique, au sein de laquelle persiste la démonologie et même quelques exorcistes, elle préfère faire l'autruche. Ouvrir les yeux l'obligerait à reconnaître sa propre implication dans la propagation des plus basses superstitions, à commencer par Darwin, que de soi-disant chrétien n'hésitent pas à corroborer, alors que la fausse science de Malthus et la négation de la liberté sont au coeur même de l'évolutionnisme.

    Nabuchodonosor lui-même, éclairé sur la machinerie des prêtres de Bel, a abjuré le mensonge laïc.

     

  • Marx pour les Nuls

    Navrants gauchistes qui continuent de parler de 'lutte des classes' pour décrire la situation française ! Pour Karl Marx la lutte des classes cesse en France dès 1851 avec l'élection à la présidence de Napoléon III par une classe qui n'est pas la sienne. De fait Napoléon III ne tardera pas à bafouer les intérêts de la paysannerie pour donner toute satisfaction à la bourgeoisie laïque qui le finance (même hiatus, à son échelle, pour Sarkozy, élu du peuple sponsorisé par la bourgeoisie démocrate-chrétienne et laïque).

    Ce n'est pas seulement une question de mots. Cela signifie que Karl Marx a, dès le milieu du XIXe siècle, une meilleure compréhension de la 'mondialisation' que les mouvements ouvriers français n'ont aujourd'hui, sans compter les intellos de gauche dont on se demande parfois s'ils ne confondent pas Marx avec Balladur, comme Daniel Bensaïd.

    Ce qui a remplacé les classes réelles, selon la doctrine marxiste, sous l'effet de la division du travail à l'échelle internationale, c'est le SENTIMENT d'appartenance à une classe, dont les contours réels ont disparus, sentiment qui a pour effet de fausser complètement la science politique.

    Ainsi on peut trouver ridicule que Le Pen se réfère à Marx, mais ça ne l'est pas plus que pour Besancenot. L'un et l'autre sont deux politiciens nationalistes. Les ouvriers français sont pour les esclaves chinois ou indiens l'équivalent de ce que les aristocrates étaient pour la plèbe affamée sous le règne de Louis XVI : des privilégiés, et plus étourdis encore que Marie-Antoinette.